PROJECTIONS DE FILMS D'ARTISTES


3 films
Bruce McLean

Cinémathèque Robert-Lynen, Paris
Mardi 10 février 2015


Bruce McLean, Soup (A Concept Consommé), 2010. Vidéo HD, 4'54. Courtesy de l'artiste & Tanya Leighton Gallery, Berlin

C'est indéniablement en sculpteur—en penseur de la troisième dimension—que Bruce McLean filme—qu'il peint, performe et photographie aussi—, qu'il propose depuis la fin des années 1960 une œuvre tout à la fois radicale et légère, consciente de l'histoire de l'art moderne et intelligemment irrévérencieuse. British, sans doute. Scottish, assurément. Avec ces films réalisés entre 1973 et 2013, que des thématiques comme l'esprit des années 1950, le goût de la musique, la pratique du collage (sonore et visuel) et la figure du couple relient, nous traversons quatre décennies de création pendant lesquelles Bruce McLean a mené une réflexion critique des esthétiques successives, une déconstruction malicieuse et bienveillante de la fabrique de l'art.
Dans Crease Crisis, un homme en trench prend convulsivement la pose dans une imitation forcenée de l'acteur américain Victor Mature (1913-1999), dont le portrait est accroché au mur : le corps comme matière à sculpter. En 1971, Bruce McLean co-fonde d'ailleurs Nice Style, le World's First Pose Band. Dans Soup (A Concept Consommé), dans un restaurant, un couple dîne de statues modernes (Moore, Brancusi), réduites à des cut outs en deux dimensions : la sculpture prêt-à-manger. Les fausses bandes-annonces très eighties des « Art Films » rappellent que Bruce McLean fut toujours attentif aux conditions de diffusion et de médiatisation de l'art, ayant notamment collaboré avec la BBC ou réalisé de nombreuses commandes publiques dans les années 1980 et 1990. Enfin, une dernière bande-annonce, Earache, An Opera Bouffant or How Elvis's Quiff Killed Johnnie Ray [« Comment la banane d'Elvis tua Johnnie Ray »], souligne le goût de Bruce McLean pour les formes courtes, les rébus visuels et l'écriture parodique.

Né en 1944 à Glasgow, Bruce McLean vit et travaille à Londres. Il sculpte depuis l'âge de six ans, tout d'abord des pommes de terre. Ses premières expositions personnelles ont lieu chez Konrad Fischer à Dusseldorf en 1969 et au Nova Scotia College of Art Gallery (Halifax) en 1970. Il participe en 1969 à Quand les attitudes deviennent formes (Kunsthalle, Berne) et Op Losse Schroeven (Stedelijk Museum, Amsterdam). Firstsite (Colchester), Grazer Kunstverein (Graz) et Leeds Art Gallery (Leeds) lui ont consacré en 2014 des expositions monographiques.