PROJECTIONS DE FILMS D'ARTISTES


At the House of Mr X & User Group Disco
Elizabeth Price

Cinémathèque Robert-Lynen, Paris
Mardi 14 avril 2015


At the House of Mr. X, 2017. Vidéo HD, 20'. Courtesy de l'artiste & LUX, Londres

At the House of Mr. X a pour sujet la maison d'un collectionneur anonyme, conçue dans les années 1960. Brièvement habitée, cette maison et son contenu demeurent impeccablement conservés. Le film s'ouvre comme une visite de la maison. Elle commence lentement, depuis l'entrée vers des zones décloisonnées, puis dans toute la maison. La géométrie élégante des espaces, les matériaux choisis de l'architecture et le mobilier moderniste sont attentivement examinés. En particulier, la caméra s'attarde sur des surfaces étincelantes et réfléchissantes : l'éclat du verre coloré, des plastiques scintillants et la brillance liquide du chrome. La visite est conduite par un narrateur silencieux, unique protagoniste, présent comme un script sur l'écran, ponctué de percussions et d'arrangements harmoniques. Son script provient de collages de documents relatifs à la maison, à ses objets d'art et aux entreprises de l'ancien résident, dont la richesse provient des cosmétiques Outdoor Girl et Mary Quant. La combinaison de discours à la fois administratifs, muséaux et commerciaux produit une identité équivoque : quand vous vous déplacez dans ces intérieurs immaculés, le ton se déplace d'une description taxonomique impassible à la sollicitation et aux insinuations liés au monde de la publicité. Votre visite fournit le seul incident interrompant l'inertie apathique de la maison. Sous la conduite du guide, vous vous promenez dans cette maison, invité à profiter de son luxe, exhorté à habiter pleinement cet exquis mémorial.
User Group Disco est le second film d'une série en cours dont chaque épisode a pour cadre la pièce différente d'une architecture théorique, celle d'un bâtiment institutionnel fictionel. Cette vidéo se déroule dans le « Hall des Sculptures », bien qu'à l'ouverture du film, comme l'indique le narrateur, rien ne mériterait l'appelation de « sculpture ». Il y a juste des débris : des objets défunts, endommagés, non identifiables. Aucun être humain également, aucune action humaine apparente, ni architecture visible. Les seules choses visibles sont les déchets eux-mêmes, dérivant dans le noir et le vide : des objets banals et omniprésents, des ustensiles et des ornements. S'ensuit une série de rêveries et d'hallucinations relatives à ces objets, relatives à l'institution qui les détient, aux distinctions entre objets d'art et objets de l'histoire sociale et aux désirs étranges et compulsifs de consommation. Elles s'inspirent du matérialisme philosophique et historique, du Surréalisme et de la critique institutionnelle pour comprendre ce que sont les objets et ce qu'ils font. Les différentes mouvements de la vidéo sont reliées entre eux par la récurrence d'une image de spirale et de phénomènes brillants, apparaissant sur des surfaces chromées, de vinyle, de céramique et de verre. Tout, dans cette vidéo, est bricolage et collage : de textes, d'objets, de désirs. Inspirée par les films de Jean Painlevé et d'Alain Resnais (Le Chant du styrène, 1958, et Les Statues meurent aussi, 1953, avec Chris Marker) ainsi que par Assaut de John Carpenter (2005), User Group Disco exploite l'hétérogénéité du médium vidéo afin de brouiller les genres de l'art, de la fiction, de la publicité et du documentaire. La bande sonore originale est de Jem Noble ; elle est également un bricolage d'airs, un paysage sonore subjectif.

Née en 1966 (Royaume-Uni), Elizabeth Price vit et travaille à Londres. Elle est représentée par MOT International (Londres/Bruxelles). En 2012, elle a remporté le Turner Prize. Ses films et installations ont été présentées dans de nombreuses institutions telles que le Stedelijk Museum (Amsterdam, 2013), le Baltic Art Centre (Newcastle, 2012), le Bielefelder Kunstverein (Bielefeld, 2012), la Chisenhale Gallery, (Londres, 2011) et le New Museum (New York, 2011).