PROJECTIONS DE FILMS D'ARTISTES


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Richard Sides

Cinémathèque Robert-Lynen, Paris
Mardi 19 janvier 2016


Richard Sides, The Tourist Trap, 2015. Vidéo HD, 12'57. Courtesy de l'artiste & Carlos/Ishikawa, Londres

Sans concession mais avec facétie, entre hystérie et mélancolie, Richard Sides compile des séquences de films, comme l'on ouvre l'une après l'autre des fenêtres sur Internet. Au son d'une cantate de Jean-Sébastien Bach, du tube Drive de The Cars, d'airs électroniques plus abstraits et agressifs, il surfe, zappe, passe du coq à l'âne. Il crée un langage visuel à entrées multiples, fait pourtant de déjà-vu et du déjà-lu à partir d'éléments digérés et contaminés, où images, sons et écritures se télescopent dans un maelstrom énigmatique ! Il tente ainsi de libérer ce que ces réseaux fourre-tout font de l'usage du monde, en utilisant leurs propres codes, leurs propres armes - qualité low tech, montage brutal, violence hypnotique et écœurante, kitsch niais -, et suggère de dépasser la barre autoritaire de cette puissante vague pour questionner et redonner un sens à toutes ces séquences, à ces collages visuels. Comme une pensée volage et volatile, il erre et capte, par flash successifs, l'air du temps : sa banalité drolatique et dramatique, sa violence, ses entropies, ses crises, ses désirs. Désirs d'ailleurs, d'autre chose, d'un monde…
Mais à quel monde appartenons-nous ? Nous passons d'une réalité à une autre, nous voyageons, nous traversons des écrans ondulatoires, les rideaux des concertos de Vivaldi comme ceux des hits de la Pop ; nous fondons pour des barres chocolatées, nous faisons de la méditation, nous rêvons d'être célèbres - it's Hollywood you idiot! - et d'être nous-mêmes... Nous sommes tout à la fois Red Bull et Valium et pourtant nous ressemblons toujours et encore, sous l'œil bleuâtre et froid de nos écrans, petits et grands, à des touristes en goguette qui suivent le guide, à des ruminants indifférents. Quelque chose sonne faux au pays des argonautes du Web. « You can't go on, thinking nothing's wrong » nous murmurent à l'oreille, sans trop se prendre au sérieux, les ritournelles entêtantes de Richard Sides.

Born in 1985 , Richard Sides lives and works in Berlin. He has recently exhibited in the following art spaces and galleries: in 2015, The boys the girls and the political, Lisson, London; in 2014, La référence d'objet n'est pas définie à une instance d'objet, Galerie Édouard Manet, Gennevilliers; Don't blow it in the vector, Kunsthalle Winterthur; Frame, Frieze New York; Present Fictions, DRAF, London. He is represented by Carlos/Ishikawa, London.